OUVROIR DE LITTERATURE POTENTIELLE
Circulaire n°21
COMPTE RENDU DE LA REUNION DU 7 MAI 1962
PRESENTS : Lescure – Queval – Blavier – Queneau – Berge – Le Lionnais – Arnaud – Bens.
Excusés : Schmidt – Latis.
ABSENT PAR CONGE SPECIAL : Duchateau (délégué de l’OuLiPo au Festival de Cannes).
PRESIDENT : Noël Arnaud.
Dix minutes sont consacrées à l’installation du magnétophone. On commence, pour constater assez vite que le magnéto ne fonctionne pas. Lescure lui applique la méthode S+7, sans résultat notoire. On décide, la mort dans l’âme, de s’en passer. On efface tout (c’est une façon de parler) et on recommence.
QUENEAU : Je voudrais signaler, avant toute chose, que j’ai reçu, à la suite de mes entretiens avec Charbonnier, une lettre et une seule, au sujet de la Littérature Potentielle. Elle émane de M. Guy-Christan ROBERT, « Le Salenga », 16 avenue des Arènes de Cimiez, NICE. Je tiens à ce que le nom de ce correspondant, qui a bien mérité de la Potentialité, figure dans nos C.R. Puisque j’ai la parole, je la garde pour signaler deux errata relatifs respectivement aux circulaires 18 et 19 : a) PAF n’est pas le nom de la machine de M. Starynkevitch mais la langue que cette machine utilise ; b) mon travail sur « Le Vallon » n’est pas le résultat de transformations lettriques mais phonétiques.
QUEVAL : Le début de ce travail devrait être signé Tomartine.
QUENEAU : Et la suite : Tatartine !
On envisage des solutions pour aménager – ou plutôt : pour créer- le budget de l’OuLiPo.
LESCURE : On pourrait demander une subvention à M. Malraux.
BERGE : On pourrait vendre le Dossier OuLiPo dans les kiosques et les gares.
BLAVIER : On pourrait demander une subvention au gouvernement belge au titre des relations internationales.
QUENEAU : La publication des CR nous aidera peut-être : Gaston Gallimard fera bien une avance…
LE S.P : Je dois avouer, à mon grand dam, que j’ai égaré le brouillon d’une des réunions. C’est d’autant plus regrettable que c’est celle où nous avons reçu M. Quemada.
LESCURE : Il faudrait que chacun de nous refasse un C.R. d’après les souvenirs qu’il a gardés de cette réunion
(Enthousiasme médiocre).
QUENEAU : Oui, on pourrait reconstituer cette séance approximativement.
Aux dernières nouvelles, ce brouillon a été retrouvé par l’imprudent mais opiniâtre Secrétaire Provisoire. D’ailleurs, tous les membres de l’OuLiPo ont actuellement reçu le CR de cette mémorable séance.
ARNAUD : Pourrait-on effectuer la publication des C.R. en septembre ?
LE S.P. : Je peux commencer à en préparer le texte.
ARNAUD : Ce jour-là, nous devrons tout à notre cher Secrétaire Provisoire.
LE S.P. : C’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
LESCURE : Je suppose que nous joindrons aux C.R. les documents que nous possédons ?
QUENEAU : Certainement. Je pense même que ces documents devraient être inclus dans le courant des C.R., et non reportés en annexes.
(Approbation générale).
Arnaud parle des machines.
On discute sur les statuts :
X… (pardon !) : Ne pourrions-nous créer, et chercher ensuite, des membres bienfaiteurs ?
QUENEAU : Excellente idée. Nous pourrions contacter Monsieur de … et Madame de … (Anonymat respecté, suivant le vœu de qui-de-droit). A propos, avez-vous vu le dernier slogan de la maison Vilmorin-Andrieux ? C’est charmant : « Je t’aime, on sème… » C’est sûrement une idée de Louise de Vilmorin. D’ailleurs, il y a quelques années, elle avait déjà dit à G.G: « Je méditerai, tu m’éditeras… »
BENS : Je proteste. J’ai trouvé cette astuce dans plusieurs éditions de l’Almanach Vermot. D’avant-guerre.
QUENEAU : Il n’est pas interdit d’utiliser l’Almanach Vermot. D’ailleurs, je propose la mise en œuvre d’une machine à utiliser cet excellent outil de travail.
LE LIONNAIS : Messieurs, messieurs, revenons à nos moutons, je veux dire à nos membres. Je crois que la différence entre les correspondants et les associés doit faire intervenir d’une part, l’éloignement ; d’autre part, notre désir de les voir.
BENS : Au fond, l’éloignement est une notion inutile.
LE LIONNAIS : C’est vrai. On pourrait donc supprimer des correspondants l’impératif xénique. D’ailleurs, je propose d’intervertir les termes : je préfèrerais que l’on appelât associés ceux qui nous sont les plus chers.
(Adopté)
BENS : Quant aux honoraires, êtes-vous d’accord pour les conserver ?
QUENEAU : Je ne suis pas d’accord : les fondateurs resteront fondateurs, quoi qu’il advienne. Tu es OuLiPolus in aeternum.
LE LIONNAIS ! Il est peut-être nécessaire de donner une autre définition des honoraires. Par exemple, au terme d’une longue carrière…
QUENEAU : On devrait nommer membres bienfaiteurs ceux qui possèdent une machine et sont décidés à nous en faire bénéficier… A ce propos, je vous signale que M. Starynkevitch m’a envoyé un faux annuaire de téléphone, fabriqué par sa machine, avec de faux noms de personnes et de rues.
ARNAUD : on pourrait le publier en annexe dans le C.R. général !
LE LIONNAIS : Messieurs, je serais heureux de récupérer, s’il est possible, mon haut de forme et mon gong. Afin d’impressionner d’autres assemblées que les nôtres. Par ailleurs, je crois que nous pouvons envisager dès à présent les festivités de la Route de la Reine.
BLAVIER : De mon côté je vais tâcher de faire inviter l’OuLiPo à Liège.
LESCURE : Dans un petit bouchon !
La prochaine réunion de l’OuLiPo aura lieu, au même restaurant du VIEUX PARIS le
LUNDI 4 JUIN 1962
La réception chez le Régent Lionnais aura probablement lieu le 2 juillet. Mais confirmation en sera prise (et donné) lors de la prochaine réunion.
La réception à Liège n’aura pas lieu avant le mois de septembre.
Le Secrétaire Pro.
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